
Dans l’imposant bataillon international du FC Metz, Célestin Djim est un soldat méconnu, une cartouche offensive utilisée avec la plus grande parcimonie par José Riga. Trois minutes à Ajaccio, cinq contre le Paris FC : le résumé de sa saison est facile à calculer. Il se limite à deux matches et huit minutes. Il existe contexte plus favorable pour se mettre en évidence. « Quand tu as un ballon, tu te dis que c’est peut-être le dernier que tu vas toucher, raconte le jeune attaquant de 20 ans. C’est compliqué, c’est vrai. »
Ce jeune international belge, d’origine centrafricaine, a le verbe rare, la parole concise. Son sentiment du moment tient d’ailleurs en trois mots qui disent tout : « J’ai faim. » De temps de jeu, d’exposition en Ligue 2 et de buts évidemment. Il estime pouvoir évoluer « sur les trois postes offensifs », avec une préférence pour l’axe. « Je suis plus à l’aise dans un rôle de n°9, abonde l’intéressé. J’aime aussi tourner autour d’un attaquant qui crée des espaces. »
José Jeunechamps, l’entraîneur-adjoint, était paraît-il enchanté d’apprendre la signature de ce garçon qu’il avait déjà couvé à Liège. La réciproque est valable, explique Djim : « C’est le coach qui m’a le plus appris au Standard. En plus, je suis quelqu’un d’un peu renfermé. Si j’ai des problèmes, j’ai tendance à les garder pour moi. Lui, il a su me parler et me bousculer comme il fallait. »
C’est désormais le destin qu’il faut bousculer, mais Célestin Djim, justement, n’a pas été épargné par les événements jusqu’ici. L’attaquant a déjà connu deux blessures depuis son arrivée en Moselle, « une déchirure à la cuisse et une entorse à la cheville. » Il est apte depuis peu. Mais rien n’a été simple autour de ce dossier.
Prêté au FC Metz, vendu aux Saoudiens
La qualification de Célestin Djim avec les Grenats avait déjà été très tardive et cette histoire valait un roman à elle seule. Pour faire simple : le FC Porto a prêté le joueur à Metz avant de le revendre… à un club saoudien. En Moselle, on a longuement attendu un retour de fax du Moyen-Orient, d’où le blocage administratif.
Cette péripétie dit tout du football d’aujourd’hui et de sa fascinante économie. Célestin Djim, évidemment, n’a « jamais mis les pieds en Arabie Saoudite » et ne peut citer le nom de son club. « C’est Al quelque chose… » La manœuvre signifie, en prime, qu’il est censé rejoindre cet employeur saoudien à la fin de son prêt. « Normalement oui, mais on verra… Pour le moment, je suis concentré sur Metz. J’ai envie de donner mon maximum à ce club. » Il lui est effectivement conseillé de se montrer en Europe. À 20 printemps, on ne rêve pas tout à fait d’une retraite ensoleillée…
Après l’obstacle administratif, donc, Djim a visité l’infirmerie. « Quand j’ai été enfin qualifié, je me suis blessé pour cinq, six semaines , rappelle-t-il. Franchement, j’ai eu la totale. » Le voilà enfin débarrassé de ses soucis et à la disposition de son entraîneur. Sa saison commence à peine. L’attaquant attend sa chance. Il n’en a pas eu beaucoup jusqu’ici.
Christian JOUGLEUX.