Nous le savons tous ici, les hommes passent, les joueurs, le staff, même le président ne sont que de passage, investis d'une mission qui ne trouve sa légitimité que dans notre ferveur à nous, supporters, qui vieillissons en enfance avec cette indéfectible passion grenat chevillée au corps et à l'âme.
Hier soir, je me suis retrouvé seul avec mes doutes puis progressivement avec la certitude d'un échec invraisemblable. Seul devant mes écrans multiples, le forum sur l'ordi, Bein sur la télé, eurosport sur la tablette, et la famille sur le téléphone portable...
Seul?
Non...
Pas seul, hier soir nous étions tous ENSEMBLE... A vivre de façon virtuelle un moment d'une intensité collective qui font l'honneur et la gloire des réseaux sociaux, et qui leur donne cette légitimité à briser l'isolement de nos angoisses...
J'ai pensé à mon père, bien sûr. De là haut j'ai senti sa main sur mon épaule et sa voix malicieuse me disant, comme à chaque fois: "ils vont perdre ce soir" et se retournant vers ma mère: " donne lui un paquet de mouchoir".........
Papa, maman, je passerai plus les vendredi au cimetière vous dire bonjour, ce sera les samedi...
Il faut me comprendre, si je n'aime pas les pisse vinaigres c'est parce que j'ai peur un jour de devenir comme eux, vieux. Car ils sont vieux, même à 15 ans, ceux qui recouvre d'une laine de haine leur coeur devenu froid. Ils sont vieux, ceux qui, mesurent la rationalité d'une analyse au détriment d'une émotion. Ils sont vieux, ceux qui disent je n'aime plus, je n'aime pas, je n'aimais pas, je n'aimerai pas ce FC Metz...
Sans comprendre que CE FC Metz, celui qui est un jouet des circonstances n'a rien à voir avec LE FC Metz, celui qui depuis 1932 existe dans le coeur de générations de supporters et dont nous sommes nous les héritiers, et dont Herlory, Molinari ou Serin ne sont que les dépositaires...
Hier soir nous avons vécu une épopée. J'imagine la gourmandise avec laquelle, dans quelques années, on fera le récit de ce moment inoubliable forgé dans la peur, l'angoisse, l'émotion et la délivrance hébétée...
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
Victor Hugo
De cette épopée, tâchons de faire une légende. Restons en ligue 1, au moins une trentaine d'années, au moins jusqu'à ma mort...
Et je demanderai que mes cendres soient dispersée sur le carré vert de St Symphorien pour l'éternité. Et le club refusera peut être... alors un commando formé de jeunes gamins de 70 ans venus de la GG ou de la Horda s'empareront de mes cendres et me craqueront dans un dernier fumigène, et de la tribune ESt et de la Ouest je brûlerai d'amour une dernière fois...
