
Au moment où tout bascule, Stéphane Cassard (à gauche) ne peut rien sur la frappe de Baby, auteur du doublé hier soir, au stade Gaston-Petit. (Photo DNA - Laurent Réa)
De l'un de nos envoyés spéciaux à Châteauroux
_____________________________________________________________________________________________________________
« Survivre ou mourir ». On ne pouvait mieux résumer l'enjeu de la rencontre d'hier que ne l'ont fait les UB90 et le Kop ciel et blanc, qui avaient déployé ce message, simple et direct, dans les tribunes du stade Gaston-Petit.
Une défaite de plus,
une défaite de trop
Mais hier, le Racing s'est finalement laissé « mourir », en terminant sa saison comme il l'avait commencé. Par une défaite face à Châteauroux, une défaite de plus, une défaite de trop. De celle qui plonge les Strasbourgeois en troisième division nationale, niveau jamais atteint par le club alsacien plus que centenaire.
« Ça fait mal au Racing, à l'Alsace, aux supporters, c'est malheureux et je pense à tous ces gens qui sont tristes, mais la Terre ne s'arrête pas de tourner », a lancé un Pascal Janin très digne à l'issue de la rencontre.
Incapables - ne serait-ce qu'une fois - de s'imposer à l'extérieur, trop inconstants à domicile (surtout dans la dernière ligne droite), les Alsaciens n'ont pas su forcer leur destin dans ce match de la dernière chance.
Dès le début de rencontre, les affaires semblent bien mal emmanchées pour les Strasbourgeois. Vannes ouvre rapidement le score - à la surprise générale - sur la pelouse de Metz et Guingamp aussi, chez lui.
Suffisant pour envoyer le Racing à l'étage inférieur, surtout qu'en face, ce sont les Castelroussins qui font passer les premières sueurs froides dans le dos des Alsaciens.
En face, le Racing vit encore. Zenke, parti seul en contre à la 20e, rate l'immanquable. Le Nigérian déboule et crochète Deneuve, mais sa frappe finit dans le petit filet extérieur, alors que le but était grand ouvert. Une action tout à fait à l'image d'une saison noire de chez noire.
Côté berrichon, Rudy Haddad appuie là où ça fait mal et offre quelques bons ballons sur coups francs. Le pied de Maire sauve une première fois les ciel et blanc sur un débordement de Baby. Mais une faute plutôt anodine de Bah, le long de la ligne de touche, va sceller le sort alsacien.
Sur le coup franc qui suit, Haddad ouvre d'une longue transversale, en direction de la surface alsacienne. Baby saute plus haut que tout le monde et crucifie Cassard de la tête. Le portier alsacien réclame en vain une charge irrégulière auprès de M. Ennjimi.
Les Strasbourgeois ont le mérite de réagir rapidement et se ruent, de manière quelque peu désordonnée, à l'attaque. Zenke, bousculé par Da Silva, offre un bon coup franc à ses troupes. Gueye se charge de le tirer et marque d'un brossé du pied gauche que personne, dans la surface, ne parvient à toucher.
Deneuve est battu et la révélation strasbourgeoise de l'année peut serrer les poings, sous les vivats des supporters strasbourgeois.
« C'est à l'image
de notre saison »
Mais à 1-1, si le Racing est relancé, il n'est pas maintenu pour autant, Vannes et Guingamp, s'accrochant toujours comme des morts de faim à leurs trois points, synonymes de maintien.
Et surtout, l'équipe de Châteauroux, volontaire à défaut d'être géniale, repart de l'avant. Dans un stade bien garni - qui a battu hier son record d'affluence de la saison -, les hommes de JPP se remettent dans le sens de la marche grâce à Baby, qui inscrit en force le 2e but castelroussin après un bon travail de Pinaud.
« On revient au score, on a fait le plus dur et on prend ce 2e but, c'est à l'image de notre saison », en soupire encore Arnaud Maire une demi-heure après la fin de la rencontre.
Les spectateurs locaux, un peu apathiques jusqu'alors, se réveillent enfin. Pas forcément une bonne nouvelle pour des Strasbourgeois déjà passablement assommés.
Rodrigo court dans le vide, Fanchone joue les courants d'air et les passes d'Othon ne trouvent pas preneur. A l'arrière, Sikimic et Maire, abandonnés par leur milieu, subissent les assauts du trident Abraw/Buengo/Baby. Lacour a beau multiplier les courses dans son couloir, le Racing ne se montre pas dangereux.
A la mi-temps, les dés semblent jetés et on se demande bien comment les Alsaciens vont pouvoir inverser la tendance. Les supporters strasbourgeois l'ont d'ailleurs déjà compris. Dès la reprise, la centaine d'Alsaciens présente dans le parcage visiteurs fait trembler les grillages de rage.
Mais après les chants de soutien, les insultes proférées par des supporters excédés ne changent rien. Le Racing rame, à l'image de sa saison complètement ratée et Châteauroux se voit pousser des ailes.
« Depuis le début de la saison, on retrouve les mêmes lacunes. Notre attaque n'est pas assez précise et percutante pour faire la différence. Si on en est là, c'est parce qu'on n'a pas les moyens d'être dangereux, surtout sans Fauvergue », analysait avec raison Pascal Janin.
Le cauchemar ne fait
certainement que commencer
Ce dernier a beau faire rentrer Ledy, en lieu et place d'un Fanchone dépassé par les évènements, puis Marcos, la poussée alsacienne reste plus que timide. Loin, en tous cas, de ce qu'on pourrait attendre d'une équipe qui joue sa peau en Ligue 2.
A quelques exceptions près, les joueurs strasbourgeois se montrent même consternants tellement ils semblent accepter leur triste sort. Seul Lacour, en véritable capitaine courage, prouve qu'il veut vraiment sauver son équipe. Mais au coup de sifflet final, ce sont bien les Berrichons qui exultent, tandis que les supporters alsaciens saccagent méthodiquement leur tribune.
« Peut-être un mal
pour un bien »
La veille de la rencontre, Pascal Janin espérait que son équipe fasse le « maximum », sans savoir si cela suffirait. Maintenant, toute l'Alsace le sait : cela n'a pas suffi.
« Il va falloir faire comme Reims et Troyes, ils ont su repartir à zéro et rectifier le tir. Pour le club, c'est peut être un mal pour un bien », veut croire un Farez Brahmia bien dépité. Pour Pascal Janin, le moment est peut-être venu de « reconstruire le club, avec un vrai projet. Car trop de choses ont été mal faites ces dernières années ».
Le Racing en récolte aujourd'hui les fruits. Car l'équipe alsacienne est bel et bien en National et n'a plus que ses yeux pour pleurer après une saison catastrophique de bout en bout. Et le cauchemar ne fait certainement que commencer...
Barbara Schuster