Re: Le monde du Western
Publié : 15 sept. 2016, 15:42
Forcément , quand on parle de western, on en vient toujours à un moment ou à un autre à évoquer le mec qui tire plus vite que son ombre, the gunfighter en VO ou le type qui va poursuivre jusqu’au fin fond du désert les bad guys, le justicier donc, les 2 personnages d’ailleurs se confondant souvent dans énormément de westerns dit classiques.
Ca tombe bien, parce qu’aujourd’hui ce sont 2 films qui traitent ces thèmes, 2 films d’Henry King , » the gunfighter » (la cible humaine) dont le titre amerloque est explicite, 1950 et « The Bravados » de 1959 qui l’est un peu moins, avec comme tête d’affiche dans les 2 cas Gregory Peck, et si vous êtes un lecteur attentif de ce topic, vous n’ignorez pas que c’est un de mes chouchous.
Dans le 1er film , GP est Jimy Ringo, un type un peu fatigué par sa vie errante qu’il a entamée, après avoir quitté femme et enfant, afin de prouver qu’il était le type le plus rapide de l’Ouest. Là Henry King a une idée simple mais géniale et quasi innovante pour l’époque, le début des fifties, il a consulté des photos de pistoléro prises vers 1880 et s’en est servi comme modèle :
Résultat, GP, qui, rappelons-le, est à l’époque du tournage une star majeure d’Hollywood, est affublé d’une moustache tout ce qu’il y a de fournie, exit le traditionnel gilet sans manches, il porte des vêtements qui protègent des intempéries et de la poussière, il a une coiffure au bol sous un chapeau informe, bref il est tellement peu glamour que les pontes du studio, quand ils ont visionné les premiers rush ont été horrifiés et ont demandé que les prises soient refaites. Henry King, avec la complicité de GP, leur a fait croire que ça couterait trop cher et c’est resté en l’état.
N’empêche que ça devait être un peu trop too much pour l’époque, le film n’a pas eu les bénéfices escomptés, tu penses bien que ça a du déstabiliser l’amère loque moyen, la dégaine de GP sans compter que le happy end n’est pas au bout des 85 mn qui plus est en noir et blanc, alors que le Technicolor règne déjà en maitre à Hollywood (c'est évidemment un choix d'auteur, pas une considération économique).
M*rde, t’aurais pu prévenir, j’avais l’intention de le regarder ce film, tu me gâches le plaisir !
Depuis le temps que tu le dis, que tu vas regarder un de ces westerns chroniqués ici, on n’y croit plus trop. Et puis de toute façon, c’est le genre de film que tu pressens dès le début que ça ne finira pas par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » !
Lé début donc : GP, enfin Jimmy Ringo, de passage dans un patelin quelconque, entre dans un saloon, un jeune type le reconnait, le provoque (draw !) et se fait descendre, alors que Jimmy a tout fait pour éviter l’issue fatale. Les 2 frangins du défunt se mettent à sa poursuite, dans un premier temps, Jimmy parvient à les distancer, mais très vite les spectateurs que nous sommes savent que ce n’est qu’une question de temps qu’ils rejoignent JR, puisque celui-ci s’est arrêté dans une ville voisine, Cayenne, pour tenter de rencontrer sa femme et son fils (qu’il n’a jamais vu).
A partir de là (on est bien sur un forum de footeux…), on a l’unité de lieu (le saloon et quelques autres endroits de Cayenne) et l’unité de temps (moins de 24 h, avec l'horloge qui cliquète dans le saloon, tic-tac, tic-tac), ça doit réveiller en vous quelques souvenirs de lycée, les fameuses règles de la tragédie classique du 17ème siècle, Racine, Corneille, Rodrigue, as-tu du cœur etc.
Je peux pourtant vous garantir que ce western n’est pas classique, dans le sens où il se démarque franchement de la production moyenne de l’époque, pas de poursuite trépidante, de bagarre homérique, de fusillade pétaradante, peut-être même pas de héros de type hollywoodien, simplement un type très humain, fatigué de sa vie de nomade et probablement de délinquant.
De plus le director a inclus quelques scènes ironico-humoristiques qui fonctionnent très bien (celle des dames de la Ligue Féminine de bonne moeurs ne déparerait pas un Lucky Luke), Gregory Peck est magistral dans le rôle principal de ce type qui ne paye pas de mine, mais reste quand même dangereux de par son sang-froid avec cette scène mémorable quand il fait croire à un jeune blanc-bec qui le provoque qu’il a un 6-coups planqué sous la table alors qu’il était simplement en train de tailler un bout de bois avec un canif (autre scène récurrente dans les albums de Morris).
Pour conclure, très peu de fausses notes dans ce film, on aurait sans doute pu éviter la scène finale dans l’église, car il est quand même à la fois très peu vraisemblable et hors contexte par rapport à l’intrigue que Jimmy Ringo soit enterré en grandes pompes, c’est, à mon sens, la seule faiblesse de ce western assurément pas mal en avance sur son époque.
De plus, outre Peck (je vous l’ai déjà écrit que je suis fan ?), il y a dans le rôle du shérif, Millard Mitchell qui a officié dans au moins 2 chefs d’œuvre du genre, »Winchester 73 » et « L’Appât » sans oublier sa participation à un chef d’œuvre tout court « Singin’ in the rain ».
On aperçoit aussi le fils de Petitjean (le vrai, celui du Robin des Bois avec Errol Flynn), Alan Hale Jr et Verna Felton en présidente de la Ligue de Féminine. A partir des années 40, quand il y a un rôle de tante un peu intrusive, de belle-mère sans gêne ou de bigote coincée ou un mix des trois, une fois sur deux, il s’agit de Verna Fulton…
Qui a démarré sa carrière très jeune, vu que son père toubib est mort prématurément en ne laissant pas un sou à sa famille. Donc tout juste teenager, elle a été repérée par un entrepreneur de spectacle qui l’avait vu chanter et danser à un gala pour les victimes de l’ouragan de Galveston, un équivalent de Katrina qui s’est produit en 1910. Elle a d’abord bossé pour la radio et beaucoup pour les studios Disney en faisant du doublage, elle est d’ailleurs morte un jour avant Walt lui-même !
Mais évidemment ça ne fait pas le poids face aux seconds rôle de « the Bravados », attention, cramponnez vous, Henry Silva pour une fois sympathique, Lee Van Cleef impressionnant dans la séquence où il supplie Peck de ne pas l’exécuter, Stephen Boyd (le Messala dans le Ben-Hur, le vrai…) et et… Joan Collins, si, la s*lope number one dans "Dynasty" (dans la vraie vie, il parait qu’il a fallu expurger ses mémoires tant elle a multiplié les détails sur sa vie amoureuse très très remplie !) alors encore jeunette (27 ans), mais déjà beautiful avec un petit air exotique de senorita.
La, en fait, elle n’a qu’un rôle très décoratif, fallait sans doute une femme pour le héros dans un western de cette époque.
D’autant que le héros (c'est Grégory hein...) est veuf au début de l’histoire, et il cherche qui sont les types qui ont violé et tué sa femme en son absence.
Et là Henry King est fort, à partir d’une simple séquence où un type arrive à cheval dans un défilé, on apprend qu’il va y avoir une pendaison dans la little town voisine , puis petit à petit, on découvre la situation, 4 types (dont 1 métis) arrêtés et condamnés pour un (autre) meurtre suite à une attaque de banque qui a mal tourné et justement ce sont 4 types (dont un métis) qui ont été vus près de la ferme de GP lors du drame.
Pour lui, aucun doute, ce sont bien les assassins de sa femme. Aussi, quand les futurs pendus en viennent à s’évader (je vous laisse découvrir comment) en emportant une otage (une bien jolie fille of course, probablement encore vierge –donc pas Joan Collins), GP se lance à leur poursuite et se montrera impitoyable jusqu’à ce que…, non ça aussi vous devrez le découvrir en visionnant ce film qui passe régulièrement on the TV.
Franchement un bon film, avec tout ce qu’il faut comme ingrédient, les acteurs donc, les paysages, ici le Yucatan, l’intrigue qui serait une dénonciation du Maccarthisme, l'ambiguïté de ce type qu'on prend d'abord pour le bourreau (officiel) et qui va finalement en devenir un, en tout cas on est très loin des valeurs binaires habituelles du genre, aux antipodes du bon vs les méchants !
Pas mal de séquences d’anthologie (Henry King ne fera pas l'économie de la scène à forte tension sexuelle où la jeune oie blanche est cernée à la nuit tombante par des types dont l'un est très désireux de consommer de suite), dont celle-ci : GP à chaque fois qu’il confronte un assassin potentiel exhibe une montre à l’intérieur de laquelle il y a la photo de son épouse.
Lee Van Cleef saura s’en souvenir dans « et pour quelques dollars de plus » quand il reproduira intégralement la même scène (à part que c’est sa sœur et non plus son épouse).
(en faisant du ménage sur mon disque dur, je viens de retrouver ce texte écrit il y a quelque temps déjà )
Ca tombe bien, parce qu’aujourd’hui ce sont 2 films qui traitent ces thèmes, 2 films d’Henry King , » the gunfighter » (la cible humaine) dont le titre amerloque est explicite, 1950 et « The Bravados » de 1959 qui l’est un peu moins, avec comme tête d’affiche dans les 2 cas Gregory Peck, et si vous êtes un lecteur attentif de ce topic, vous n’ignorez pas que c’est un de mes chouchous.
Dans le 1er film , GP est Jimy Ringo, un type un peu fatigué par sa vie errante qu’il a entamée, après avoir quitté femme et enfant, afin de prouver qu’il était le type le plus rapide de l’Ouest. Là Henry King a une idée simple mais géniale et quasi innovante pour l’époque, le début des fifties, il a consulté des photos de pistoléro prises vers 1880 et s’en est servi comme modèle :
Résultat, GP, qui, rappelons-le, est à l’époque du tournage une star majeure d’Hollywood, est affublé d’une moustache tout ce qu’il y a de fournie, exit le traditionnel gilet sans manches, il porte des vêtements qui protègent des intempéries et de la poussière, il a une coiffure au bol sous un chapeau informe, bref il est tellement peu glamour que les pontes du studio, quand ils ont visionné les premiers rush ont été horrifiés et ont demandé que les prises soient refaites. Henry King, avec la complicité de GP, leur a fait croire que ça couterait trop cher et c’est resté en l’état.
N’empêche que ça devait être un peu trop too much pour l’époque, le film n’a pas eu les bénéfices escomptés, tu penses bien que ça a du déstabiliser l’amère loque moyen, la dégaine de GP sans compter que le happy end n’est pas au bout des 85 mn qui plus est en noir et blanc, alors que le Technicolor règne déjà en maitre à Hollywood (c'est évidemment un choix d'auteur, pas une considération économique).
M*rde, t’aurais pu prévenir, j’avais l’intention de le regarder ce film, tu me gâches le plaisir !
Depuis le temps que tu le dis, que tu vas regarder un de ces westerns chroniqués ici, on n’y croit plus trop. Et puis de toute façon, c’est le genre de film que tu pressens dès le début que ça ne finira pas par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » !
Lé début donc : GP, enfin Jimmy Ringo, de passage dans un patelin quelconque, entre dans un saloon, un jeune type le reconnait, le provoque (draw !) et se fait descendre, alors que Jimmy a tout fait pour éviter l’issue fatale. Les 2 frangins du défunt se mettent à sa poursuite, dans un premier temps, Jimmy parvient à les distancer, mais très vite les spectateurs que nous sommes savent que ce n’est qu’une question de temps qu’ils rejoignent JR, puisque celui-ci s’est arrêté dans une ville voisine, Cayenne, pour tenter de rencontrer sa femme et son fils (qu’il n’a jamais vu).
A partir de là (on est bien sur un forum de footeux…), on a l’unité de lieu (le saloon et quelques autres endroits de Cayenne) et l’unité de temps (moins de 24 h, avec l'horloge qui cliquète dans le saloon, tic-tac, tic-tac), ça doit réveiller en vous quelques souvenirs de lycée, les fameuses règles de la tragédie classique du 17ème siècle, Racine, Corneille, Rodrigue, as-tu du cœur etc.
Je peux pourtant vous garantir que ce western n’est pas classique, dans le sens où il se démarque franchement de la production moyenne de l’époque, pas de poursuite trépidante, de bagarre homérique, de fusillade pétaradante, peut-être même pas de héros de type hollywoodien, simplement un type très humain, fatigué de sa vie de nomade et probablement de délinquant.
De plus le director a inclus quelques scènes ironico-humoristiques qui fonctionnent très bien (celle des dames de la Ligue Féminine de bonne moeurs ne déparerait pas un Lucky Luke), Gregory Peck est magistral dans le rôle principal de ce type qui ne paye pas de mine, mais reste quand même dangereux de par son sang-froid avec cette scène mémorable quand il fait croire à un jeune blanc-bec qui le provoque qu’il a un 6-coups planqué sous la table alors qu’il était simplement en train de tailler un bout de bois avec un canif (autre scène récurrente dans les albums de Morris).
Pour conclure, très peu de fausses notes dans ce film, on aurait sans doute pu éviter la scène finale dans l’église, car il est quand même à la fois très peu vraisemblable et hors contexte par rapport à l’intrigue que Jimmy Ringo soit enterré en grandes pompes, c’est, à mon sens, la seule faiblesse de ce western assurément pas mal en avance sur son époque.
De plus, outre Peck (je vous l’ai déjà écrit que je suis fan ?), il y a dans le rôle du shérif, Millard Mitchell qui a officié dans au moins 2 chefs d’œuvre du genre, »Winchester 73 » et « L’Appât » sans oublier sa participation à un chef d’œuvre tout court « Singin’ in the rain ».
On aperçoit aussi le fils de Petitjean (le vrai, celui du Robin des Bois avec Errol Flynn), Alan Hale Jr et Verna Felton en présidente de la Ligue de Féminine. A partir des années 40, quand il y a un rôle de tante un peu intrusive, de belle-mère sans gêne ou de bigote coincée ou un mix des trois, une fois sur deux, il s’agit de Verna Fulton…
Qui a démarré sa carrière très jeune, vu que son père toubib est mort prématurément en ne laissant pas un sou à sa famille. Donc tout juste teenager, elle a été repérée par un entrepreneur de spectacle qui l’avait vu chanter et danser à un gala pour les victimes de l’ouragan de Galveston, un équivalent de Katrina qui s’est produit en 1910. Elle a d’abord bossé pour la radio et beaucoup pour les studios Disney en faisant du doublage, elle est d’ailleurs morte un jour avant Walt lui-même !
Mais évidemment ça ne fait pas le poids face aux seconds rôle de « the Bravados », attention, cramponnez vous, Henry Silva pour une fois sympathique, Lee Van Cleef impressionnant dans la séquence où il supplie Peck de ne pas l’exécuter, Stephen Boyd (le Messala dans le Ben-Hur, le vrai…) et et… Joan Collins, si, la s*lope number one dans "Dynasty" (dans la vraie vie, il parait qu’il a fallu expurger ses mémoires tant elle a multiplié les détails sur sa vie amoureuse très très remplie !) alors encore jeunette (27 ans), mais déjà beautiful avec un petit air exotique de senorita.
La, en fait, elle n’a qu’un rôle très décoratif, fallait sans doute une femme pour le héros dans un western de cette époque.
D’autant que le héros (c'est Grégory hein...) est veuf au début de l’histoire, et il cherche qui sont les types qui ont violé et tué sa femme en son absence.
Et là Henry King est fort, à partir d’une simple séquence où un type arrive à cheval dans un défilé, on apprend qu’il va y avoir une pendaison dans la little town voisine , puis petit à petit, on découvre la situation, 4 types (dont 1 métis) arrêtés et condamnés pour un (autre) meurtre suite à une attaque de banque qui a mal tourné et justement ce sont 4 types (dont un métis) qui ont été vus près de la ferme de GP lors du drame.
Pour lui, aucun doute, ce sont bien les assassins de sa femme. Aussi, quand les futurs pendus en viennent à s’évader (je vous laisse découvrir comment) en emportant une otage (une bien jolie fille of course, probablement encore vierge –donc pas Joan Collins), GP se lance à leur poursuite et se montrera impitoyable jusqu’à ce que…, non ça aussi vous devrez le découvrir en visionnant ce film qui passe régulièrement on the TV.
Franchement un bon film, avec tout ce qu’il faut comme ingrédient, les acteurs donc, les paysages, ici le Yucatan, l’intrigue qui serait une dénonciation du Maccarthisme, l'ambiguïté de ce type qu'on prend d'abord pour le bourreau (officiel) et qui va finalement en devenir un, en tout cas on est très loin des valeurs binaires habituelles du genre, aux antipodes du bon vs les méchants !
Pas mal de séquences d’anthologie (Henry King ne fera pas l'économie de la scène à forte tension sexuelle où la jeune oie blanche est cernée à la nuit tombante par des types dont l'un est très désireux de consommer de suite), dont celle-ci : GP à chaque fois qu’il confronte un assassin potentiel exhibe une montre à l’intérieur de laquelle il y a la photo de son épouse.
Lee Van Cleef saura s’en souvenir dans « et pour quelques dollars de plus » quand il reproduira intégralement la même scène (à part que c’est sa sœur et non plus son épouse).
(en faisant du ménage sur mon disque dur, je viens de retrouver ce texte écrit il y a quelque temps déjà )