Aujourd'hui, je vais tenter d'évoquer le "Major Dundee" (1965) de Sam Peckinpah.
Tenté, parce que, si quelquefois/souvent, je suis obligé d'aller à la pêche pour trouver de rares infos sur le film évoqué et donc alimenter ce topic, là pour le coup, il y a pléthore d'éléments, ce film a vraiment fait couler beaucoup d'encre.
Ce qu'il y a de certain/d'authentifié, c'est que Peckinpah n'a pas du tout été satisfait du résultat, lui, il voulait faire un film fleuve de plus de 4 heures, après le montage imposé par Columbia Pictures, il en est resté un peu plus de 2 heures (124 mn) et récemment est sorti une version "longue" de 156 mn, mais même si vous regardez cette version, vous verrez qu'il y a manifestement des ellipses, notamment quand le héros est en pleine déchéance et picole au Mexique, mais n'allons pas trop vite, de toute façon, le lecteur moyen de ce topic, lui, il veut un peu de grain à moudre, du concret, pas de l'élucubration de bas étage ou de la théorie de haute volée...
Alors allons y pour le pittoresque, avec SP, il y en a de toute façon !
Lorsque le bon Sam, tout juste quadragénaire, qui a toujours été fasciné par le Mexique, notamment la tequila et les señoritas, a voulu fignoler son casting, il s'est mis en quête d'une actrice mexicaine pour un petit rôle de paysanne mex, (logique pour vous, d’autant que le film a été tourné au Mexique, mais pas toujours le cas à Hollywood), il a porté son dévolu sur une actrice malheureusement non dispo, puisque en tournage avec Bud Boetticher. Ce dernier lui a conseillé alors une autre actrice, Begonia Palacios, 24 ans.
Apparemment, ça a fait tilt immédiatement, voire même bonus et parties gratuites, puisque le réalisateur s'enfuit avec elle pendant quelques jours (je rassure ceux qui trouveraient la situation scandaleuse, ça a fini par un mariage, et même plusieurs - 1 divorce entre-temps - mais je laisse la parole à Sam " I cast her in the picture and later married her - not once, but three times; twice in civil court, once in a Church"), le tournage commençait assez mal.
D'autant plus mal que le studio allait réduire le budget et les jours de tournage, que le Sam picolait régulièrement, sans doute avec Richard Harris (cf post précédent), qu'il virait des techniciens à tour de bras, que Charlton Heston, le lead character, a du prendre quelquefois les choses en main et s'est fortement engueulé avec SP au point de le menacer de son sabre lors d'une altercation.
Car le major Dundee (Charlton Heston) a un sabre, évidemment, c'est un officier viré de l'armée nordiste suite à une manœuvre probablement audacieuse à Gettysburg (la bataille turning-point de la Civil War amerloque), mais non couronnée de succès. Du coup, il va essayer de se refaire une réputation au Nouveau Mexique en se créant littéralement une guerre, voire deux. Ce territoire est en proie à un raid des Apaches de Sierra Chariba qui massacrent un escadron de blue soldiers et une famille de civils, sauf 2 jeunes garçons qui sont enlevés et Dundee y voit une opportunité de rentrer en grâce en poursuivant les natives « jusqu’en enfer, s’il le faut » et en ramenant les kidnappés.
Pour ce faire, il a besoin d’aide et se résout à enrôler des prisonniers sudistes dont il a la garde, les rebelles étant commandés par son ennemi intime, joué par Richard Harris.
La situation va se compliquer encore quand on sait qu’il y a quelques soldats noirs dans l’escadron de Dundee et que du fait de l’entrée (illégale) des US soldats au Mexique, il va y avoir un conflit avec les soldats français, soutien de l’empereur du Mexique Maximilien.
Conflit Nord/Sud, racisme, esclavage, cavalerie vs Indiens, la guerre et ses ravages, la situation au Mexique, SP voulait tout traiter dans un seul film, d’autant que je ne vous ai pas encore révélé qu’il voulait à travers Dundee mettre à mal l’image du général Custer (il faudra attendre « Little Big Man » pour ça), en allant plus loin que John Ford dans » Fort Apache » (le personnage joué par Henry Fonda), qu’il a quasiment pompé une séquence de « Lawrence d’Arabie » (celle de l’exécution d’un prisonnier sudiste) et que même selon certains exégètes, il aurait fait une transposition de « Moby Dick », j’arrête là, je viens de perdre 5 de mes 6 lecteurs…
En tout cas, SP rompt avec les conventions et l’esthétisme habituelles du western, foin du jeune premier propre sur lui ou du héros bourru, mais au fond bienveillant genre John Wayne, on retrouve les trognes habituelles , celle de la Sam Peckinpah Stock Company, Warren Oates, L. Q. Jones, R. G. Armstrong, Ben Johnson (lui, c’est un ancien du Wayne pack, cf viewtopic.php?p=277522#p277522, mais qui a quelques années de plus et qui a un peu grossi), pas vraiment des jeunes premiers, James Coburn, mais manchot et enlaidi par une barbe broussailleuse et puis faut-il rappeler que Heston et Harris ne possèdent pas des tronches de premier de la classe, les femmes sont sinon faciles, du moins assez promptes à être submergées par les circonstances et à succomber. Entre parenthèses, outre les figurantes mexicaines, il y a une formidable actrice autrichienne Senta Berger qui possède un certain sex-appeal !
Dans le même ordre d’idée, les combats sont moyennement à la loyale, c’est plutôt embuscade et coup en douce, la seule vraie bataille rangée, celle finale entre les français ( des affreux sadiques avec des grandes lances et des petites barbichettes…) et les valeureux survivants du bataillon Dundee a été imposée au director par le producteur, sans doute effrayé par le projet de SP.
Car SP aurait voulu en plus avoir des dialogues emplis de « shit » et de « fuck » », ce qui lui a été refusé, c’est encore les mid-sixties, que tout le monde meurt à la fin, ho, coco, t’as pensé à la recette ?, bref faire le contraire de ce qui se faisait habituellement, d’où donc les coupes sombres dans le final cut.
Mais pas d’inquiétudes pour Sam, tout çà, il le réalisera, quelques années plus tard, en 1969, (le temps qu’il retrouve un peu de crédit chez les producteurs) dans la crépusculaire « Wild Bunch » (la Horde Sauvage).
Sinon, pour le scénario, si l’histoire est « inventée », les scénaristes ont peut-être pensée à la Dakota War, dans laquelle des soldats sudistes prisonniers ont participé aux opérations menées contre les Sioux Dakota qui venaient de massacrer allégrement entre 400 et 800 pionniers installés sur leurs terres ancestrales, sous prétexte que les autorités ne les avaient pas ravitaillés comme promis par le précédent traité qui leur avait aussi garanti l’inviolabilité de leur territoire. Ca s’est terminé comme d’hab, les indiens ont perdu, on en a pendu 30 pour l’exemple (plus grosse exécution massive de l’histoire US), les autres ont été déportés du Minnesota vers l’Ouest.
Mais dis donc, t’as pas encore donné ton avis sur ce film ?
Ben, c’est très très regardable, malgré le fait que de temps en temps, vu les coupes sombres au montage, il y a des trucs qui s’enchainent assez mal, que l’action tarde à démarrer, il y a quelques scènes d’anthologie, de bons acteurs, non, tout amateur de western se doit d’avoir vu « Major Dundee » !
Le monde du Western
- Palinodie
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- messinmarseille
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Re: Le monde du Western
Quel courage pour continuer ce monologue westernesque, merci pour la prose 

- Palinodie
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Re: Le monde du Western
Pour fêter l’année 2015, revenons 60 ans pile poil en arrière et examinons 2 œuvres du millésime 1955.
« Tribute to a bad man » (La loi de la Prairie) de Robert Wise, le director de » West Side Story » entre autres.
Alors là, un western à déconseiller à tous ceux pour qui idéalisent un peu trop l’Ouest américain, dans ce film, tout ce peuvent espérer récolter les cow-boys qui sont des « nobody on a horse », c’est « bad teeth, broken bones, double hernia, and lice!(des poux) », en guise de distraction, ils rêvent de feuilleter « a mail order catalog « pour reluquer des « women in corsets » , de plus les entraineuses qui racolent le client dans un saloon n’ont pas une vie si facile que ça, vous y croyez vous ?
Mais pour autant, ce film n’est pas non plus un reportage in situ sur la vie des cow-boys, il n’y a que peu de scènes où on les voit travailler, simplement on devine que leur vie n’est pas une sinécure et qu’elle n’est pas forcément passionnante, cf la séquence avec le catalogue citée plus haut.
Pas beaucoup d’action là-dedans, nous sommes en 1875, «et « mon gars, ça fait bien longtemps qu’il n’y a plus d’Indiens dans le coin », les gars ont bien des armes, mais ne s’en servent que finalement que très peu, que lorsqu’ils surprennent des voleurs en plein action.
Ben, qu’est ce qui reste alors ? L’amour ?
Oui et non, oui, parce qu’effectivement, il y a une femme au milieu de tout çà, en fait 1 femme au milieu de 3 hommes, mais non, ce n’est pas l’axe central du film.
Bon, le mieux, c’est que je raconte un peu de quoi ça cause, ça sera plus simple :
Un pied-tendre déboule au Wyoming, avec l’ambition de devenir cow-boy. Par hasard, il secourt un type qui s’avère être un éléveur de chevaux, le big boss du coin, ce dernier va l’embaucher, lui apprendre les rudiments du métier dans son ranch dans lequel vit une jeune fille ex-pianiste de bar qu’il a sauvé de la déchéance.
Comme le ranch est à des miles et des miles de Cheyenne, la grosse ville du coin, le rancher a pris l’habitude d’exercer sa propre loi et par exemple de pendre les voleurs de chevaux qu’il attrape. Et des voleurs, il y en a régulièrement… (pour le reste, je vous laisse découvrir tout seul, ça vaut le coup !)
Notez que ce film qui est resté relativement méconnu (perso, je n'en avais jamais entendu parler) a probablement influencé Sergio Leone, quand dans une scène de "The good, the bad and the ugly "(le Bon, La Brute et le Truand), Tuco oblige le personnage sans nom interprété par Clint Eastwood à marcher sans fin dans le désert.
En fait, ce film est une réussite, grâce aux paysages magnifiquement rendus (un procédé genre technicolor et superbe) et également grâce à la qualité des interprètes principaux , James Cagney en tête dans celui du rancher, Irène Papas, l’ex-pianiste, et même Don Dubbins, le pied-tendre, pourtant un quasi inconnu ici.
Dans les rôles secondaires, Lee Van Cleef, l’obsédé du catalogue…
James Cagney est tout simplement prodigieux dans le rôle de ce type tout entier axé sur sa réussite, à tel point qu’il a laissé en chemin une partie de son humanité, notamment quand il est saisi par la hanging fever.
En 1955, Cagney a déjà 56 ans, mais sa vitalité, sa combativité éclatent tellement à l’écran qu’on ne s’étonne pas plus que ça que Irene Papas qui a la moitié de son âge (vite, une calculette…) est plus qu’attirée par lui.
A un moment, il y a une baston (ah quand même) entre Cagney et son contremaitre, un trentenaire en pleine forme (bien que légèrement sournois), JC le prévient d’entrée « I fight dirty » avant de lui casser la gu*ule à grands coups de coude dans la tronche.
Faut dire que James Cagney est issu d’un quartier misérable de NY, le Lower East Side, qu’il a appris la danse et la boxe dans sa jeunesse et qu’il n’a jamais refusé une street fight si l’occasion se présentait.
De plus, quand il a eu un peu/beaucoup d’argent, il s’est acheté un domaine avec des chevaux qu’il élevait, autant dire que ce rôle lui allait comme un gant.
Je rappelle quand même aux ignares qui seraient arrivés à ce point de ce topic que JC a été une légende de l’écran aux States pendant plus de 40 ans, il a joué pas mal de fois les gangsters dans les années 30 et en 31 exactement, il a écrasé un pamplemousse sur le visage d’une de ses partenaires, une des scènes les plus célèbres de l’époque. C’est vrai qu’aujourd’hui on est passé depuis longtemps à un stade supérieur, mais n’empêche, Cagney fait vraiment peur avec ce geste…
Un acteur suffisamment important pour imposer dans ce film Don Dubbins, un petit gars qui avait l’heur de lui plaire et avec qui il a fait 2 films en cette année 1955. Après, une fois la protection du grand homme terminée, çela a été direction les studios de la télé.
Et là, on arrive à Irène Papas, que vous connaissez tous, si si, à moins de ne jamais avoir vu « Les canons de Navarone » rediffusée moulte fois, la guerillera grecque amoureuse d’Anthony Quinn, c’est elle. Vous vous doutez bien qu’avec un nom pareil, Miss Papas est grecque, c’est même la seule star internationale hellène de cette envergure, elle a tourné avec les plus grands, dans pas mal de films à costumes, elle est plutôt de gauche, elle a joué dans « Z », un film pas du tout tendre envers la dictature des colonels.
A l’époque du film, elle vivait une grande histoire d’amour avec Branlon Mado, mais secrète, l’histoire, elle l’a révélée quand Marlon est mort, mais là la famille n’a pas démentie, hein, Jeannette…
Dans « Tribute to a bad man », elle joue une fille de saloon d’origine grecque, certainement parce qu’il lui était quasi-impossible de masquer son accent d’origine, il parait que pas de rôles lui sont passés sous le nez à cause de ce fichu accent, en tout cas, ce fut son seul western, l’émigration grecque dans l’Ouest américain n’étant pas chose courante.
Et l’émigration marseillaise ?
Que quoi que ?
Figure toi que je me suis rendu compte dernièrement que la chaine Action rediffuse « La dernière séance » d’Eddy Mitchell, du coup je vais jeter un coup d’œil de temps en temps et si le western diffusé m’est inconnu, je le regarde et l’autre jour, c’était « L’aventure fantastique », avec Robert Taylor(cf. viewtopic.php?p=286260#p286260) et Eleanor Parker, une actrice que j’avais trouvée formidable dans « Scaramouche »
Ben, tu ne donnes pas le titre original ?
Le problème, c’est sur Action, la plupart des films sont en vf et là, c’était le cas, malheureusement je dirais !
L’histoire se passe en 1798 au Kentucky, un trappeur est sauvé d’une attaque d’Indiens par une jeune fille écossaise. Or cette jeune fille tombe amoureuse du trappeur et va tout faire pour l’épouser.
Une comédie western donc, mais le problème c’est que les distributeurs français non content d’avoir comme d’habitude massacré le titre angliche (« many rivers to cross ») ont décidé de transcrire les personnages de l’ouest américain dans l’imaginaire franchouillard.
Dans la vo amerloque, les personnages écossais parlent avec l’accent écossais, et bien, on va leur donner l’accent de Marseille et voilà Victor Mc Lagen, le patriarche, qui beugle des peuchère et des bonne mère, on a évité les puta*ng, mais il me semble bien avoir entendu quelque coquin de sort, les noms sont aussi transplantés, le trappeur ne s’appelle plus Bushrod Gentry, mais Brutus Gentil, il est devenu auvergnat (non mais véridique), Mary reste Marie, mais son surnom donné par les Indiens passe de stepping woman à Femme rapide, ce qui, étant donné le scénario du film, ne manque pas de sel en 2015…
Et pourtant, j’ai bien rigolé, pas aux galéjades hein, mais parce que c’est drôle, Eleanor Parker est enjoleuse à souhait, Robert Taylor toujours impeccable et Victor Mc Lagen assure dans un de ses derniers rôles (il apparait quand même bien fatigué), donc un excellent « petit » film malgré le doublage français .
Et en fait, ce western, je l’avais vu, dans ma prime jeunesse, probablement un film du dimanche après-midi, il y aune scène dans laquelle Victor Mc Lagen est amené par ruse à chausser des bésicles qui m’a sauté à la figure…
Je rappelle pour ceux qui accumulent les indices pour essayer de deviner mon âge que les films amerloques ne passaient pas à la télé française l’année suivante. Et puis d’abord, mes parents ont acheté leur première télé en 1964…
« Tribute to a bad man » (La loi de la Prairie) de Robert Wise, le director de » West Side Story » entre autres.
Alors là, un western à déconseiller à tous ceux pour qui idéalisent un peu trop l’Ouest américain, dans ce film, tout ce peuvent espérer récolter les cow-boys qui sont des « nobody on a horse », c’est « bad teeth, broken bones, double hernia, and lice!(des poux) », en guise de distraction, ils rêvent de feuilleter « a mail order catalog « pour reluquer des « women in corsets » , de plus les entraineuses qui racolent le client dans un saloon n’ont pas une vie si facile que ça, vous y croyez vous ?
Mais pour autant, ce film n’est pas non plus un reportage in situ sur la vie des cow-boys, il n’y a que peu de scènes où on les voit travailler, simplement on devine que leur vie n’est pas une sinécure et qu’elle n’est pas forcément passionnante, cf la séquence avec le catalogue citée plus haut.
Pas beaucoup d’action là-dedans, nous sommes en 1875, «et « mon gars, ça fait bien longtemps qu’il n’y a plus d’Indiens dans le coin », les gars ont bien des armes, mais ne s’en servent que finalement que très peu, que lorsqu’ils surprennent des voleurs en plein action.
Ben, qu’est ce qui reste alors ? L’amour ?
Oui et non, oui, parce qu’effectivement, il y a une femme au milieu de tout çà, en fait 1 femme au milieu de 3 hommes, mais non, ce n’est pas l’axe central du film.
Bon, le mieux, c’est que je raconte un peu de quoi ça cause, ça sera plus simple :
Un pied-tendre déboule au Wyoming, avec l’ambition de devenir cow-boy. Par hasard, il secourt un type qui s’avère être un éléveur de chevaux, le big boss du coin, ce dernier va l’embaucher, lui apprendre les rudiments du métier dans son ranch dans lequel vit une jeune fille ex-pianiste de bar qu’il a sauvé de la déchéance.
Comme le ranch est à des miles et des miles de Cheyenne, la grosse ville du coin, le rancher a pris l’habitude d’exercer sa propre loi et par exemple de pendre les voleurs de chevaux qu’il attrape. Et des voleurs, il y en a régulièrement… (pour le reste, je vous laisse découvrir tout seul, ça vaut le coup !)
Notez que ce film qui est resté relativement méconnu (perso, je n'en avais jamais entendu parler) a probablement influencé Sergio Leone, quand dans une scène de "The good, the bad and the ugly "(le Bon, La Brute et le Truand), Tuco oblige le personnage sans nom interprété par Clint Eastwood à marcher sans fin dans le désert.
En fait, ce film est une réussite, grâce aux paysages magnifiquement rendus (un procédé genre technicolor et superbe) et également grâce à la qualité des interprètes principaux , James Cagney en tête dans celui du rancher, Irène Papas, l’ex-pianiste, et même Don Dubbins, le pied-tendre, pourtant un quasi inconnu ici.
Dans les rôles secondaires, Lee Van Cleef, l’obsédé du catalogue…
James Cagney est tout simplement prodigieux dans le rôle de ce type tout entier axé sur sa réussite, à tel point qu’il a laissé en chemin une partie de son humanité, notamment quand il est saisi par la hanging fever.
En 1955, Cagney a déjà 56 ans, mais sa vitalité, sa combativité éclatent tellement à l’écran qu’on ne s’étonne pas plus que ça que Irene Papas qui a la moitié de son âge (vite, une calculette…) est plus qu’attirée par lui.
A un moment, il y a une baston (ah quand même) entre Cagney et son contremaitre, un trentenaire en pleine forme (bien que légèrement sournois), JC le prévient d’entrée « I fight dirty » avant de lui casser la gu*ule à grands coups de coude dans la tronche.
Faut dire que James Cagney est issu d’un quartier misérable de NY, le Lower East Side, qu’il a appris la danse et la boxe dans sa jeunesse et qu’il n’a jamais refusé une street fight si l’occasion se présentait.
De plus, quand il a eu un peu/beaucoup d’argent, il s’est acheté un domaine avec des chevaux qu’il élevait, autant dire que ce rôle lui allait comme un gant.
Je rappelle quand même aux ignares qui seraient arrivés à ce point de ce topic que JC a été une légende de l’écran aux States pendant plus de 40 ans, il a joué pas mal de fois les gangsters dans les années 30 et en 31 exactement, il a écrasé un pamplemousse sur le visage d’une de ses partenaires, une des scènes les plus célèbres de l’époque. C’est vrai qu’aujourd’hui on est passé depuis longtemps à un stade supérieur, mais n’empêche, Cagney fait vraiment peur avec ce geste…
Un acteur suffisamment important pour imposer dans ce film Don Dubbins, un petit gars qui avait l’heur de lui plaire et avec qui il a fait 2 films en cette année 1955. Après, une fois la protection du grand homme terminée, çela a été direction les studios de la télé.
Et là, on arrive à Irène Papas, que vous connaissez tous, si si, à moins de ne jamais avoir vu « Les canons de Navarone » rediffusée moulte fois, la guerillera grecque amoureuse d’Anthony Quinn, c’est elle. Vous vous doutez bien qu’avec un nom pareil, Miss Papas est grecque, c’est même la seule star internationale hellène de cette envergure, elle a tourné avec les plus grands, dans pas mal de films à costumes, elle est plutôt de gauche, elle a joué dans « Z », un film pas du tout tendre envers la dictature des colonels.
A l’époque du film, elle vivait une grande histoire d’amour avec Branlon Mado, mais secrète, l’histoire, elle l’a révélée quand Marlon est mort, mais là la famille n’a pas démentie, hein, Jeannette…
Dans « Tribute to a bad man », elle joue une fille de saloon d’origine grecque, certainement parce qu’il lui était quasi-impossible de masquer son accent d’origine, il parait que pas de rôles lui sont passés sous le nez à cause de ce fichu accent, en tout cas, ce fut son seul western, l’émigration grecque dans l’Ouest américain n’étant pas chose courante.
Et l’émigration marseillaise ?
Que quoi que ?
Figure toi que je me suis rendu compte dernièrement que la chaine Action rediffuse « La dernière séance » d’Eddy Mitchell, du coup je vais jeter un coup d’œil de temps en temps et si le western diffusé m’est inconnu, je le regarde et l’autre jour, c’était « L’aventure fantastique », avec Robert Taylor(cf. viewtopic.php?p=286260#p286260) et Eleanor Parker, une actrice que j’avais trouvée formidable dans « Scaramouche »
Ben, tu ne donnes pas le titre original ?
Le problème, c’est sur Action, la plupart des films sont en vf et là, c’était le cas, malheureusement je dirais !
L’histoire se passe en 1798 au Kentucky, un trappeur est sauvé d’une attaque d’Indiens par une jeune fille écossaise. Or cette jeune fille tombe amoureuse du trappeur et va tout faire pour l’épouser.
Une comédie western donc, mais le problème c’est que les distributeurs français non content d’avoir comme d’habitude massacré le titre angliche (« many rivers to cross ») ont décidé de transcrire les personnages de l’ouest américain dans l’imaginaire franchouillard.
Dans la vo amerloque, les personnages écossais parlent avec l’accent écossais, et bien, on va leur donner l’accent de Marseille et voilà Victor Mc Lagen, le patriarche, qui beugle des peuchère et des bonne mère, on a évité les puta*ng, mais il me semble bien avoir entendu quelque coquin de sort, les noms sont aussi transplantés, le trappeur ne s’appelle plus Bushrod Gentry, mais Brutus Gentil, il est devenu auvergnat (non mais véridique), Mary reste Marie, mais son surnom donné par les Indiens passe de stepping woman à Femme rapide, ce qui, étant donné le scénario du film, ne manque pas de sel en 2015…
Et pourtant, j’ai bien rigolé, pas aux galéjades hein, mais parce que c’est drôle, Eleanor Parker est enjoleuse à souhait, Robert Taylor toujours impeccable et Victor Mc Lagen assure dans un de ses derniers rôles (il apparait quand même bien fatigué), donc un excellent « petit » film malgré le doublage français .
Et en fait, ce western, je l’avais vu, dans ma prime jeunesse, probablement un film du dimanche après-midi, il y aune scène dans laquelle Victor Mc Lagen est amené par ruse à chausser des bésicles qui m’a sauté à la figure…
Je rappelle pour ceux qui accumulent les indices pour essayer de deviner mon âge que les films amerloques ne passaient pas à la télé française l’année suivante. Et puis d’abord, mes parents ont acheté leur première télé en 1964…
- Palinodie
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Re: Le monde du Western
Vraisemblablement, le lecteur qui parcourt ce topic plus ou moins régulièrement n'est pas forcément visionneur de western, déjà faut trouver l'horaire, le canal qui diffuse (surtout depuis que cette feignasse de Pali ne donne plus ces renseignements !), ensuite négocier un créneau pour pouvoir l'apprécier sans remarque(s) désobligeante(s) du conjoint (en un seul mot).
Eh bien là, je vous donne le moyen de voir le western du jour, tranquille, sur votre ordi, quand vous voulez, au bureau même, si votre boss n'a pas les moyens de vous espionner, puisque "Angel and the bad man" (L'Ange et le mauvais garçon, incroyable traduction !) est disponible sur la Toile, suite à une négligence des ayant-droits qui ont omis, à un moment donné, de faire la démarche qu'il fallait.
Bon, OK, je ne me fais pas d'illuses, pourquoi iriez vous regarder ce western de 1947, dont la renommée, c'est le moins qu'on puisse dire, n'a pas traversé les âges et dont l'auteur de ces lignes n'avait jamais encore entendu parler (alors que c'est John Wayne, le Duke himself la star) avant sa diffusion sur Paramount Channel ?
Déjà, pour réparer une injustice et peut-être même un complot !
Une injustice, parce que ce "petit" western n'est pas plus mauvais qu'un autre, qu'y figure une actrice formidable et totalement oubliée et un complot parce que pour la 1ère fois dans l'Histoire d'Hollywood, qu'un acteur s’intéresse à la production et que du coup, les majors n'ont pas du voir çà d'un très bon œil et faire tout ce qu'il fallait pour l'audience reste confidentielle (le film fut déficitaire et Darryl D. Zanuck, un des plus célèbres nababs, s'en est réjoui publiquement).
Soyons honnête (pour une fois), j'en parle également parce que j'ai trouvé une mine d'infos sur ce film et notamment un article de presse de l'époque qui, même s'il est promotionnel, , nous donne pas mal de renseignements.
J'arrête là les préliminaires avant de perdre la quasi totalité de "mon" lectorat et je vais attaquer...., ben je vais commencer par le plot :
Un gunfighter réputé et ancien adjoint de shériff, mais pas n'importe lequel un adjoint (fictionnel, je le précise) de Wyatt Earp , Quirt Evans, est devenu un outlaw, qui donne dans les trafics en tout genre, dont les vols de bétail. Poursuivi par des rivaux, il est blessé et est recueilli par une famille de Quakers (pas les céréales, mais la Société religieuse des Amis) dont la fille, Penélope, tombe instantanément amoureuse de lui (of course, c'est John Wayne, encore sans moumoute).
Evidemment, ya quelques différences culturelles entre les 2 tourtereaux et notamment l’utilisation ou non de la violence.
Là, le lecteur de 2015, ce scénar’, ça lui dit quelque chose, bon sang, mais c’est, bien sûr, ça fait penser à « Wittness », mais là en 1947, c’était une idée originale et par ailleurs, beaucoup de spécialistes (c’est une énigme, qui sont les spécialistes ?) s’accordent (pour une fois) à dire et même à écrire que "Angel and the bad man" aurait pu être à l’origine du script de « Witness ».
En tout cas, le début du film, une fois passée la séquence du générique ultra-classique (une poursuite dans les paysages si caractéristiques du SW amerloque), est savoureux, notamment avec des scènes (celle où un complice de Quirt le retrouve avec un bébé dans les bras par exemple) et des dialogues aux petits oignons entre le voyou et l’ingénue, je ne peux pas m’empêcher d’en mettre un extrait :
Quirt Evans:
Is that Quaker stuff?
Penelope Worth:
Uh huh.
Quirt Evans:
You mean that nobody can hurt you but yourself?
Penelope Worth:
That's a Friend's belief.
Quirt Evans:
Well, suppose someone whacks you over the head with a branding iron? Won't that hurt?
Penelope Worth:
Physically, of course. But in reality it would injure only the person doing the act or force of violence. Only the doer can be hurt by a mean or evil act.
Quirt Evans:
Are there very many of you Quakers?
Penelope Worth:
Very few.
Quirt Evans:
I sort of figured that.
PS : Friends, c’est pas Ross, Rachel and Cie, mais le nom que se donnent les Quakers… Et si vous lisez vraiment, on apprend en plus des trucs sur la véritable philosophie de ce mouvement religieux
La fin du film est sans doute moins originale, mais je suis persuadé que le duel final vous surprendra, même s’il est acquis par avance que John Wayne, acteur ET producteur ne peut pas perdre…
En tout cas, je ne dévoilerai rien de plus, faudra aller sur Youtube pour découvrir le reste et notamment cette actrice qui donne la réplique au Duke, la belle Gail Russell.
Elle est crédible et très touchante dans le rôle de cette pure jeune fille, pour autant capable d’aller droit au but, tant son amour est sincère et immense.
OK, OK, nous Russell Jane, on visualise, surtout avec ses 2 gros atouts, mais Gail Russell, nada. Alors comment que ça se fait que personne ne la connaisse ?
Et bien figure toi que rien ne prédestinait cette toute jeune fille à devenir une star et même une actrice. Selon la légende (l’article de presse cité plus haut, mais à ce jour jamais démenti), Gail était une étudiante sans histoire à Santa Monica (à quelques encablures de LA) et un jour, 2 étudiants pris en stop par un studio casting supervisor lui déclarent en substance « ouais, ben, les plus belles actrices d’Hollywood peuvent aller se rhabiller, chez nous, il y a une fille qui les enterre toutes », le mec intrigué envoie un talent scout à Santa Monica, elle est invitée à venir faire un test dans les studios, quelques cours d’art dramatique et quelques petits rôles plus tard, elle joue à 23 ans, en co-star avec JW.
Petit problème, Gail est d’une timidité maladive voire pathologique et va prendre l’habitude de noyer son trac dans l’alcool et devenir très rapidement alcoolique, à tel point que les studios ne lui refileront aucun rôle à partir de 1951 (elle a 27 ans !). En 1956, elle semble aller mieux, elle a 2 rôles conséquents, mais patatras, en 1957, elle plante sa caisse dans la devanture d’un coffee shop qui venait de déboiter sans prévenir, en plein Beverly Boulevard. Elle meurt à 36 ans, seule dans son appart’, de mal nutrition et le foie en vrac… Beau petit destin, trop triste pour qu’Hollywood en fasse un film !
Revenons au film lui-même et au générique, vous apercevrez, vers la 45ème seconde, le nom de Yakima Canutt crédité comme second unit director . Ca fait des mois que j’aurais du vous parler de ce type, qui a une filmographie de dingue, d’abord comme simple cascadeur, spécialiste en chevaux (il a été un authentique champion de rodéo) , ensuite comme responsable de toutes les scènes avec des cascades plus ou moins dangereuses,
C’est sans doute le 1er qui a professionnalisé cette activité, en évitant que les animaux et les hommes ne soient blessés ou tués (50 morts entre 1925 et 1930) dans ces scènes d’action. Il est devenu pote avec le Duke au début des années 30 et cela a grandement facilité sa carrière, mais là, à juste titre.
La prochaine que vous verrez Ben Hur avec sa célèbre course de chars, vous penserez à YC, c’est lui qui a tout réglé au quart de poil, bon, c’était son fils qui doublait Heston, Yakima avait 64 ans à ce moment là !
Autre légende qui figure au générique, c’est Harry Carey (son dernier rôle, il meurt en 1947) , dans un rôle de shériff à la limite du fantastique, car il apparait à l’écran, alors qu’on ne l’a pas vu arriver. J’ai bien dit Harry Carey et non Harry Carey Junior (cf. viewtopic.php?p=218565#p218565), son fils, un membre du John Wayne pack et qui l’est devenu parce qu’il était le fils de son père, un hommage de la part du Duke qui aimait beaucoup HC.
« Angel and the bad man" est également le film qui a remis le pied à l’étrier à John Cabot, cf viewtopic.php?p=213035#p213035, parce qu’il était quand même sinon blacklisté, du moins légèrement en retrait, à cause d’une sombre histoire de trafic d’or avec les nazis quand il servait en Egypte en 1942 (un poste pas trop exposé…), dans laquelle il avait été suffisamment impliqué pour être arrêté par la Sécurité Militaire et viré de l’armée.
Le Duke, qui, rappelons le, n’a fait la guerre qu’à l’écran, avait sympathisé avec lui et le Bruce a pu de nouveau avoir un semblant de carrière et jouer des tas de seconds rôles derrière JW.
Un petit mot sur le director, James Edward Grant, surtout connu pour avoir signé le scénario de Alamo (director John Wayne…) sans oublier celui de la Dernière Caravane , cf. viewtopic.php?p=376063#p376063, un western dont également j’avais adoré la 1ère partie du film.
Non mais j’insiste, si vous devez regardez un bout de ce film, commencez par le début, par moment l’ambiance et les dialogues sont tels qu’on pense aux meilleurs séquences de Capra, tiens cette petite séquence où JW » convainc » un voisin hostile aux Quakers de leur laisser l’accès à l’eau ainsi que la réaction dudit voisin.
La vache, j’ai fait long là, faut que je stoppe, sinon je vais finir tout seul…
Eh bien là, je vous donne le moyen de voir le western du jour, tranquille, sur votre ordi, quand vous voulez, au bureau même, si votre boss n'a pas les moyens de vous espionner, puisque "Angel and the bad man" (L'Ange et le mauvais garçon, incroyable traduction !) est disponible sur la Toile, suite à une négligence des ayant-droits qui ont omis, à un moment donné, de faire la démarche qu'il fallait.
Bon, OK, je ne me fais pas d'illuses, pourquoi iriez vous regarder ce western de 1947, dont la renommée, c'est le moins qu'on puisse dire, n'a pas traversé les âges et dont l'auteur de ces lignes n'avait jamais encore entendu parler (alors que c'est John Wayne, le Duke himself la star) avant sa diffusion sur Paramount Channel ?
Déjà, pour réparer une injustice et peut-être même un complot !
Une injustice, parce que ce "petit" western n'est pas plus mauvais qu'un autre, qu'y figure une actrice formidable et totalement oubliée et un complot parce que pour la 1ère fois dans l'Histoire d'Hollywood, qu'un acteur s’intéresse à la production et que du coup, les majors n'ont pas du voir çà d'un très bon œil et faire tout ce qu'il fallait pour l'audience reste confidentielle (le film fut déficitaire et Darryl D. Zanuck, un des plus célèbres nababs, s'en est réjoui publiquement).
Soyons honnête (pour une fois), j'en parle également parce que j'ai trouvé une mine d'infos sur ce film et notamment un article de presse de l'époque qui, même s'il est promotionnel, , nous donne pas mal de renseignements.
J'arrête là les préliminaires avant de perdre la quasi totalité de "mon" lectorat et je vais attaquer...., ben je vais commencer par le plot :
Un gunfighter réputé et ancien adjoint de shériff, mais pas n'importe lequel un adjoint (fictionnel, je le précise) de Wyatt Earp , Quirt Evans, est devenu un outlaw, qui donne dans les trafics en tout genre, dont les vols de bétail. Poursuivi par des rivaux, il est blessé et est recueilli par une famille de Quakers (pas les céréales, mais la Société religieuse des Amis) dont la fille, Penélope, tombe instantanément amoureuse de lui (of course, c'est John Wayne, encore sans moumoute).
Evidemment, ya quelques différences culturelles entre les 2 tourtereaux et notamment l’utilisation ou non de la violence.
Là, le lecteur de 2015, ce scénar’, ça lui dit quelque chose, bon sang, mais c’est, bien sûr, ça fait penser à « Wittness », mais là en 1947, c’était une idée originale et par ailleurs, beaucoup de spécialistes (c’est une énigme, qui sont les spécialistes ?) s’accordent (pour une fois) à dire et même à écrire que "Angel and the bad man" aurait pu être à l’origine du script de « Witness ».
En tout cas, le début du film, une fois passée la séquence du générique ultra-classique (une poursuite dans les paysages si caractéristiques du SW amerloque), est savoureux, notamment avec des scènes (celle où un complice de Quirt le retrouve avec un bébé dans les bras par exemple) et des dialogues aux petits oignons entre le voyou et l’ingénue, je ne peux pas m’empêcher d’en mettre un extrait :
Quirt Evans:
Is that Quaker stuff?
Penelope Worth:
Uh huh.
Quirt Evans:
You mean that nobody can hurt you but yourself?
Penelope Worth:
That's a Friend's belief.
Quirt Evans:
Well, suppose someone whacks you over the head with a branding iron? Won't that hurt?
Penelope Worth:
Physically, of course. But in reality it would injure only the person doing the act or force of violence. Only the doer can be hurt by a mean or evil act.
Quirt Evans:
Are there very many of you Quakers?
Penelope Worth:
Very few.
Quirt Evans:
I sort of figured that.
PS : Friends, c’est pas Ross, Rachel and Cie, mais le nom que se donnent les Quakers… Et si vous lisez vraiment, on apprend en plus des trucs sur la véritable philosophie de ce mouvement religieux
La fin du film est sans doute moins originale, mais je suis persuadé que le duel final vous surprendra, même s’il est acquis par avance que John Wayne, acteur ET producteur ne peut pas perdre…
En tout cas, je ne dévoilerai rien de plus, faudra aller sur Youtube pour découvrir le reste et notamment cette actrice qui donne la réplique au Duke, la belle Gail Russell.
Elle est crédible et très touchante dans le rôle de cette pure jeune fille, pour autant capable d’aller droit au but, tant son amour est sincère et immense.
OK, OK, nous Russell Jane, on visualise, surtout avec ses 2 gros atouts, mais Gail Russell, nada. Alors comment que ça se fait que personne ne la connaisse ?
Et bien figure toi que rien ne prédestinait cette toute jeune fille à devenir une star et même une actrice. Selon la légende (l’article de presse cité plus haut, mais à ce jour jamais démenti), Gail était une étudiante sans histoire à Santa Monica (à quelques encablures de LA) et un jour, 2 étudiants pris en stop par un studio casting supervisor lui déclarent en substance « ouais, ben, les plus belles actrices d’Hollywood peuvent aller se rhabiller, chez nous, il y a une fille qui les enterre toutes », le mec intrigué envoie un talent scout à Santa Monica, elle est invitée à venir faire un test dans les studios, quelques cours d’art dramatique et quelques petits rôles plus tard, elle joue à 23 ans, en co-star avec JW.
Petit problème, Gail est d’une timidité maladive voire pathologique et va prendre l’habitude de noyer son trac dans l’alcool et devenir très rapidement alcoolique, à tel point que les studios ne lui refileront aucun rôle à partir de 1951 (elle a 27 ans !). En 1956, elle semble aller mieux, elle a 2 rôles conséquents, mais patatras, en 1957, elle plante sa caisse dans la devanture d’un coffee shop qui venait de déboiter sans prévenir, en plein Beverly Boulevard. Elle meurt à 36 ans, seule dans son appart’, de mal nutrition et le foie en vrac… Beau petit destin, trop triste pour qu’Hollywood en fasse un film !
Revenons au film lui-même et au générique, vous apercevrez, vers la 45ème seconde, le nom de Yakima Canutt crédité comme second unit director . Ca fait des mois que j’aurais du vous parler de ce type, qui a une filmographie de dingue, d’abord comme simple cascadeur, spécialiste en chevaux (il a été un authentique champion de rodéo) , ensuite comme responsable de toutes les scènes avec des cascades plus ou moins dangereuses,
C’est sans doute le 1er qui a professionnalisé cette activité, en évitant que les animaux et les hommes ne soient blessés ou tués (50 morts entre 1925 et 1930) dans ces scènes d’action. Il est devenu pote avec le Duke au début des années 30 et cela a grandement facilité sa carrière, mais là, à juste titre.
La prochaine que vous verrez Ben Hur avec sa célèbre course de chars, vous penserez à YC, c’est lui qui a tout réglé au quart de poil, bon, c’était son fils qui doublait Heston, Yakima avait 64 ans à ce moment là !
Autre légende qui figure au générique, c’est Harry Carey (son dernier rôle, il meurt en 1947) , dans un rôle de shériff à la limite du fantastique, car il apparait à l’écran, alors qu’on ne l’a pas vu arriver. J’ai bien dit Harry Carey et non Harry Carey Junior (cf. viewtopic.php?p=218565#p218565), son fils, un membre du John Wayne pack et qui l’est devenu parce qu’il était le fils de son père, un hommage de la part du Duke qui aimait beaucoup HC.
« Angel and the bad man" est également le film qui a remis le pied à l’étrier à John Cabot, cf viewtopic.php?p=213035#p213035, parce qu’il était quand même sinon blacklisté, du moins légèrement en retrait, à cause d’une sombre histoire de trafic d’or avec les nazis quand il servait en Egypte en 1942 (un poste pas trop exposé…), dans laquelle il avait été suffisamment impliqué pour être arrêté par la Sécurité Militaire et viré de l’armée.
Le Duke, qui, rappelons le, n’a fait la guerre qu’à l’écran, avait sympathisé avec lui et le Bruce a pu de nouveau avoir un semblant de carrière et jouer des tas de seconds rôles derrière JW.
Un petit mot sur le director, James Edward Grant, surtout connu pour avoir signé le scénario de Alamo (director John Wayne…) sans oublier celui de la Dernière Caravane , cf. viewtopic.php?p=376063#p376063, un western dont également j’avais adoré la 1ère partie du film.
Non mais j’insiste, si vous devez regardez un bout de ce film, commencez par le début, par moment l’ambiance et les dialogues sont tels qu’on pense aux meilleurs séquences de Capra, tiens cette petite séquence où JW » convainc » un voisin hostile aux Quakers de leur laisser l’accès à l’eau ainsi que la réaction dudit voisin.
La vache, j’ai fait long là, faut que je stoppe, sinon je vais finir tout seul…
Dernière modification par Palinodie le 27 févr. 2015, 09:22, modifié 1 fois.
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Re: Le monde du Western
Yakima ! Tu devrais peut-être aussi nous parler de ses origines à l'occasion. Avec un prénom japonais il a du en baver durant les années 40 !
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Re: Le monde du Western
Yakima nippon ?
I don't think so !
C'est un authentique américain, c'est à dire que ça faisait probablement pas plus de 2/3 générations que sa famille avait racheté/squatté des terres indiennes, il s'appelait en réalité Enos Edward Canutt, il doit son surnom de Yakima à un journaliste local qui, lors d'un rodéo auquel il participait, l'avait nommé ainsi parce qu'il avait cru qu'il était originaire de la ville de Yakima (Washington State).
Et Yakima est également le nom d'une tribu indienne, qui a donné, outre ses terres et toutes ses possessions (pionniers, accrochages, traité, non respect du traité, raids des natives, US Cavalry et confinement en réserve) son nom à une ville de l'Etat de Washington dont Enos n'est pas originaire, lui, il est de Colfax, à l'est de l'Etat, je précise des fois qu'il prendrait l'envie à quelqu'un de faire en vélo Yakima/Colfax.
I don't think so !
C'est un authentique américain, c'est à dire que ça faisait probablement pas plus de 2/3 générations que sa famille avait racheté/squatté des terres indiennes, il s'appelait en réalité Enos Edward Canutt, il doit son surnom de Yakima à un journaliste local qui, lors d'un rodéo auquel il participait, l'avait nommé ainsi parce qu'il avait cru qu'il était originaire de la ville de Yakima (Washington State).
Et Yakima est également le nom d'une tribu indienne, qui a donné, outre ses terres et toutes ses possessions (pionniers, accrochages, traité, non respect du traité, raids des natives, US Cavalry et confinement en réserve) son nom à une ville de l'Etat de Washington dont Enos n'est pas originaire, lui, il est de Colfax, à l'est de l'Etat, je précise des fois qu'il prendrait l'envie à quelqu'un de faire en vélo Yakima/Colfax.
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Re: Le monde du Western
Zut, j'ai omis de signaler une anecdote assez marrante sur ce film :
Je vous ai dit que John Wayne avait produit le film et a été en même temps la star, ce qui avait profondément irrité les grosses companies. Le Duke qui venait de choper tout juste la quarantaine avait senti le besoin de passer à un niveau supérieur, en prévision de l'époque où on ne lui confierait plus de rôle de premier plan, ce qui, entre parenthèses, n'est jamais arrivé, le bougre ayant joué quasi jusqu'au bout.
Donc en 1946, JW signe un nouveau contrat avec Republic avec comme clause principale la possibilité pour JW de produire des films.
1947, premier essai avec "Angel and the bad man", le Duke, pas trop sûr de lui, n'envisage pas de jouer, mais bon, finalement il se résout à avoir le premier rôle, d'autant que Yates, le patron de Republic insiste pour qu'il joue, certainement parce que le renom de l'acteur doit contribuer grandement au succès public du film.
Le Duke s'investit à fond, a un mal de chien à tout gérer , mais finalement le tournage se termine et comme c'est la tradition, tous les participants au tournage font une fête le dernier jour.
JW arrive donc assez tard chez lui, voire même assez tôt le matin et là c'est le drame...
Faut dire que le Duke est marié à Esperanza Baur, sa seconde femme (ses 3 femmes seront d'ascendance mex, JW aimait bien les señoritas), une lady d'un tempérament volcanique De plus, Esperanza s'est mis dans le crâne que son mari et sa partenaire de boulot, Gail Russell, ont été plus que des collègues et dans le cornet un certain nombre de décilitres de boissons alcoolisées, vous mélangez le tout, vous ajoutez une arme à portée de la main et le Duke se fait tirer dessus à peine la porte franchie.
Heureusement la dame a eu la précision de Métanire devant le but adverse et le Duke a pu divorcer un peu plus tard.
Je vous ai dit que John Wayne avait produit le film et a été en même temps la star, ce qui avait profondément irrité les grosses companies. Le Duke qui venait de choper tout juste la quarantaine avait senti le besoin de passer à un niveau supérieur, en prévision de l'époque où on ne lui confierait plus de rôle de premier plan, ce qui, entre parenthèses, n'est jamais arrivé, le bougre ayant joué quasi jusqu'au bout.
Donc en 1946, JW signe un nouveau contrat avec Republic avec comme clause principale la possibilité pour JW de produire des films.
1947, premier essai avec "Angel and the bad man", le Duke, pas trop sûr de lui, n'envisage pas de jouer, mais bon, finalement il se résout à avoir le premier rôle, d'autant que Yates, le patron de Republic insiste pour qu'il joue, certainement parce que le renom de l'acteur doit contribuer grandement au succès public du film.
Le Duke s'investit à fond, a un mal de chien à tout gérer , mais finalement le tournage se termine et comme c'est la tradition, tous les participants au tournage font une fête le dernier jour.
JW arrive donc assez tard chez lui, voire même assez tôt le matin et là c'est le drame...
Faut dire que le Duke est marié à Esperanza Baur, sa seconde femme (ses 3 femmes seront d'ascendance mex, JW aimait bien les señoritas), une lady d'un tempérament volcanique De plus, Esperanza s'est mis dans le crâne que son mari et sa partenaire de boulot, Gail Russell, ont été plus que des collègues et dans le cornet un certain nombre de décilitres de boissons alcoolisées, vous mélangez le tout, vous ajoutez une arme à portée de la main et le Duke se fait tirer dessus à peine la porte franchie.
Heureusement la dame a eu la précision de Métanire devant le but adverse et le Duke a pu divorcer un peu plus tard.
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Re: Le monde du Western
messinmarseille a écrit :Quel courage pour continuer ce monologue westernesque, merci pour la prose
Faut bien s'occuper a la retraite , les journées sont longues .
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Re: Le monde du Western
Ah une intervention de NLF !
Faut savoir que NLF est la face culturelle du duo qu'il forme avec Beaulier, c'est son côté Docteur Folamour vs Mister Hyde, en conséquence de quoi, régulièrement, soit 1 ou 2 fois par an, il intervient dans l'Espace Culturel.
Une de ses dernières (en 2012) et non moins lumineuses interventions étaient de s'inquiéter par rapport aux roues du Mettis, je resitue dans le contexte :
geo alambic venait de remarquer: J'aime bien les grandes vitres latérales [du Mettis], mais pas l'avant et les cache-roues.
Réponse nlfienne (typique, une dizaine de mots, pas de virgule -s'il y en a une, les espaces ne sont pas respectés-, un humour torride) :
Vu les quartiers qu'il va traverser mieux vaut planquer les roues.
Du coup, peut-être que je dois me sentir flatter d'attirer l'attention de Riders/Pajero/Maia/Chippendale etc.
Faut savoir que NLF est la face culturelle du duo qu'il forme avec Beaulier, c'est son côté Docteur Folamour vs Mister Hyde, en conséquence de quoi, régulièrement, soit 1 ou 2 fois par an, il intervient dans l'Espace Culturel.
Une de ses dernières (en 2012) et non moins lumineuses interventions étaient de s'inquiéter par rapport aux roues du Mettis, je resitue dans le contexte :
geo alambic venait de remarquer: J'aime bien les grandes vitres latérales [du Mettis], mais pas l'avant et les cache-roues.
Réponse nlfienne (typique, une dizaine de mots, pas de virgule -s'il y en a une, les espaces ne sont pas respectés-, un humour torride) :
Vu les quartiers qu'il va traverser mieux vaut planquer les roues.
Du coup, peut-être que je dois me sentir flatter d'attirer l'attention de Riders/Pajero/Maia/Chippendale etc.
- Palinodie
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Re: Le monde du Western
Encore un film qui est rattaché à mon histoire personnelle et qui est toujours resté dans ma mémoire, même des décennies plus tard !
Je devais avoir quoi, 10/12 ans, c’était l’été, les vacances scolaires, le mois d’août, j’étais en colo comme tous les ans à cette époque et toutes les semaines on avait droit à notre séance de cinoche, ce soir là, était programmé « Laura » (1944) –bon, effectivement, on ne peut pas dire que c’était une nouveauté, mais on s’en foutait, y avait qu’une chaine de télé quand tu avais la chance que tes parents en aient acheté une et tous ces films étaient des inédits pour nous… - de Otto Préminger , mais quand le dirlo a ouvert les boites contenant les bobines, il y avait eu gourance, Laura était partie dans une autre colo et on nous a projeté à la place « North West Frontier » (1959), le dirlo nous a prévenu « au lieu d’avoir un seul mort, dans ce film, il y en aura 10 000 », tu parles si on a été attentif ensuite…
Un critique cinoche du Star (journal british) écrit le 08/10/1959 que « this film is one of the best Westerns I remember” et le Daily Mail (autre canard angliche) décrète, le lendemain, que “‘this north-western eastern can claim to be the first genuine British Western”.
Diable, authentique western, la formule est plaisante, quand on sait que l’action de “North West Frontier” se déroule dans le Pakistan actuel, à ce que l’on appelait à l’époque (1905) les Indes Britanniques, le joyau de l’Empire, ce qui, par ailleurs, justifie le titre français « Aux frontières des Indes ».
Mais, c’est pas idiot comme formule, parce que l’action se déroule comme dans Stagecoach (la Chevauchée Fantastique) dans un lieu clos, à ceci près que là on va être dans un train au lieu d’une diligence, qu’il y a évidemment des Indiens (je ne pouvais pas la laisser passer celle-là ! ), poursuite, attaque du train, un traitre, une love story etc., pas mal d’ingrédients qu’on retrouve dans ce genre relativement codifié qu’est le western.
Western/Eastern, finalement, on s’en fiche, c’est un très bon film d’action qui prend, de plus, une consonance actuelle, j’y reviendrai plus loin.
Resituons ce film dans son contexte, les anglais voudraient bien pénétrer le marché amerloque dans lequel le western est une valeur sure, du coup, le director choisi par la production va être Jack Lee Thompson, un type qui rêve toutes les nuits de réussir à Hollywood (et qui y parviendra grâce au succès mooondial des » Canons de Navarone » qu’il a dirigé), il me semble avoir évoqué ici quelques unes de ces « œuvres » pas toujours très réussies, « The Kings of the Sun », cf viewtopic.php?p=303502#p303502 et « The white buffalo, cf. viewtopic.php?p=299071#p299071.
On « sécurise » un peu plus en engageant comme actrice principale Lauren Bacall, actrice hyper-connue aux States, même si l’essentiel de sa carrière de star légendaire et bankable est derrière elle, car depuis la mort de son premier mari Humphrey Bogart survenue en 1957, elle s’est plutôt consacrée au théâtre . D’emblée, disons que Lauren est impeccable dans ce rôle de femme active et limite insolente et qui a passé l’âge de se comporter en midinette.
Je n’ai pas d’infos précises sur la rentabilité du film aux States, mais ce fut un des gros succès de l’année 1959 en Grande-Bretagne, la nostalgie de l’Empire « sur lequel le soleil ne se couchait jamais » a du jouer un grand rôle la dedans, mais pas que, car le scénar’ est solide et la distribution intéressante.
Un petit mot sur l’histoire, des musulmans indiens se révoltent, en plus de vouloir chasser les Britons, les insurgés veulent tuer un enfant de 6 ans, le dernier héritier de la dynastie de Maharadjah du coin, pour cela, ils assiègent la vile où le gamin est , sous la protection des anglais, réfugié dans une ville fortifiée qui est totalement encerclée et en grand danger d’être investie par les assaillants. Seule solution : exfiltrer l’héritier en utilisant la dernière loco de la ville, loco auquel on a attelé un seul wagon dans lequel vont prendre place un officier anglais, 2 soldats indiens, la gouvernante du mioche (c’est Lauren B.), la femme du gouverneur, un marchand d’armes, un fonctionnaire de l’empire et un journaliste hollandais, tout ce beau monde dépendant du conducteur indien de la loco, Gupta. Il y aura pas mal de péripéties dans ce voyage, péripéties que jem’en voudrai de vous dévoiler, sachant que je garde l’espoir ténu qu’un d’entre vous aille jeter un œil sur TCM, la chaîne qui multi-diffuse ce film en ce moment (http://television.telerama.fr/tele/film ... usions.php).
Sachez tout de même que les extérieurs de ce film ont été tournés en partie en Inde et en partie en Espagne (et c’est raccord), dans la Sierra Nevada en utilisant une voie de chemin de fer désaffectée.
A part l’américaine LB, les autres acteurs sont des valeurs sures des films british, et qui du coup, vu que la plupart d’entre eux n’ont performé ailleursque dans des films uniquement distribués en Angleterre sont quasi-inconnus ici.
Valeurs sûres, donc, à commencer par Kenneth More, le lead character, qui joue à la perfection cet officier en même temps porteur des valeurs de l’Empire et limite prolo –par opposition à l’image stéréotypée, qu’on a de l’officier intransigeant et borné , de plus il forme un duo à la fois très dissemblable au niveau des valeurs (un officier reste un officier et en face c’est une américaine indépendante et déterminée) et très complémentaire, love story oblige !
Tout le reste de la distribution est à l’avenant, étant évidemment entendu qu’à part Gupta (le mécano qui a une grande importance dans l’intrigue) les 2 acteurs autochtones jouant les soldats indiens n’ont aucune scène pour s’exprimer, dans la grande tradition des westerns où les acteurs jouant (et étant)des natives sont très souvent dans les fifties et les sixties à peine cités dans les génériques. J’ai une tendresse particulière pour Ursula Jeans qui colle à merveille dans ce rôle de la femme du gouverneur, pour qui la Britannia rule est la seule qui compte, faut dire qu’elle a un avantage, elle-même est née à Simla, la ville des contreforts de l’Himalaya où l’élite anglaise se réfugiait à l’époque des grosses chaleurs.
Ajoutons aussi que tous les acteurs ont peu ou prou l’âge de leur character, ça aide quand même à la crédibilité de l’histoire, Hollywood n’aurait pas hésité à mettre James Stewart ou John Wayne en face de Lauren Bacall (plus de 20 ans d’écart !).
Ah, il manque encore un acteur, probablement le plus étonnant dans ce film, j’ai nommé Herbert Lom.
Herbert Lom, Herbert Lom, je parie que ce nom vous évoque quelque chose, de toute façon, tout le monde l’a vu jouer dans, dans, dans… plusieurs film de la série « la Panthère rose », c’est lui le chief inspector Dreyfus qui devient de plus en cinglé au fur et à mesure des épisodes, un rôle comique donc et ce en face de Peter Sellers, une pointure du genre.
Là, il est incroyable dans le rôle du journaliste qui devient de plus en plus inquiétant à mesure que l’action se déploie et également dans sa bouche, il y a plusieurs répliques qui résonnent particulièrement quelque 110 ans après l’époque où est censée se dérouler ce film, quand il est question de différences, de tolérance, de lutte pour le pouvoir, de la finalité des actions, en tout cas, quand Lom s’exprime, on se pose à tout le moins des questions.
Bon , je n’insiste pas, ça reste quand même largement un film d’actions, perso, je l’ai vu pour la première fois quand j’étais teenager, la scène du train des réfugiés (très actuelle aussi, tiens !) ou celle du viaduc m’a laissé plus de souvenir que les diatribes d’un journaliste !
Et la semaine après "North West Frontier", la colo a remis la main sur "Laura" et Gene Tierney est entrée dans ma vie...
Je devais avoir quoi, 10/12 ans, c’était l’été, les vacances scolaires, le mois d’août, j’étais en colo comme tous les ans à cette époque et toutes les semaines on avait droit à notre séance de cinoche, ce soir là, était programmé « Laura » (1944) –bon, effectivement, on ne peut pas dire que c’était une nouveauté, mais on s’en foutait, y avait qu’une chaine de télé quand tu avais la chance que tes parents en aient acheté une et tous ces films étaient des inédits pour nous… - de Otto Préminger , mais quand le dirlo a ouvert les boites contenant les bobines, il y avait eu gourance, Laura était partie dans une autre colo et on nous a projeté à la place « North West Frontier » (1959), le dirlo nous a prévenu « au lieu d’avoir un seul mort, dans ce film, il y en aura 10 000 », tu parles si on a été attentif ensuite…
Un critique cinoche du Star (journal british) écrit le 08/10/1959 que « this film is one of the best Westerns I remember” et le Daily Mail (autre canard angliche) décrète, le lendemain, que “‘this north-western eastern can claim to be the first genuine British Western”.
Diable, authentique western, la formule est plaisante, quand on sait que l’action de “North West Frontier” se déroule dans le Pakistan actuel, à ce que l’on appelait à l’époque (1905) les Indes Britanniques, le joyau de l’Empire, ce qui, par ailleurs, justifie le titre français « Aux frontières des Indes ».
Mais, c’est pas idiot comme formule, parce que l’action se déroule comme dans Stagecoach (la Chevauchée Fantastique) dans un lieu clos, à ceci près que là on va être dans un train au lieu d’une diligence, qu’il y a évidemment des Indiens (je ne pouvais pas la laisser passer celle-là ! ), poursuite, attaque du train, un traitre, une love story etc., pas mal d’ingrédients qu’on retrouve dans ce genre relativement codifié qu’est le western.
Western/Eastern, finalement, on s’en fiche, c’est un très bon film d’action qui prend, de plus, une consonance actuelle, j’y reviendrai plus loin.
Resituons ce film dans son contexte, les anglais voudraient bien pénétrer le marché amerloque dans lequel le western est une valeur sure, du coup, le director choisi par la production va être Jack Lee Thompson, un type qui rêve toutes les nuits de réussir à Hollywood (et qui y parviendra grâce au succès mooondial des » Canons de Navarone » qu’il a dirigé), il me semble avoir évoqué ici quelques unes de ces « œuvres » pas toujours très réussies, « The Kings of the Sun », cf viewtopic.php?p=303502#p303502 et « The white buffalo, cf. viewtopic.php?p=299071#p299071.
On « sécurise » un peu plus en engageant comme actrice principale Lauren Bacall, actrice hyper-connue aux States, même si l’essentiel de sa carrière de star légendaire et bankable est derrière elle, car depuis la mort de son premier mari Humphrey Bogart survenue en 1957, elle s’est plutôt consacrée au théâtre . D’emblée, disons que Lauren est impeccable dans ce rôle de femme active et limite insolente et qui a passé l’âge de se comporter en midinette.
Je n’ai pas d’infos précises sur la rentabilité du film aux States, mais ce fut un des gros succès de l’année 1959 en Grande-Bretagne, la nostalgie de l’Empire « sur lequel le soleil ne se couchait jamais » a du jouer un grand rôle la dedans, mais pas que, car le scénar’ est solide et la distribution intéressante.
Un petit mot sur l’histoire, des musulmans indiens se révoltent, en plus de vouloir chasser les Britons, les insurgés veulent tuer un enfant de 6 ans, le dernier héritier de la dynastie de Maharadjah du coin, pour cela, ils assiègent la vile où le gamin est , sous la protection des anglais, réfugié dans une ville fortifiée qui est totalement encerclée et en grand danger d’être investie par les assaillants. Seule solution : exfiltrer l’héritier en utilisant la dernière loco de la ville, loco auquel on a attelé un seul wagon dans lequel vont prendre place un officier anglais, 2 soldats indiens, la gouvernante du mioche (c’est Lauren B.), la femme du gouverneur, un marchand d’armes, un fonctionnaire de l’empire et un journaliste hollandais, tout ce beau monde dépendant du conducteur indien de la loco, Gupta. Il y aura pas mal de péripéties dans ce voyage, péripéties que jem’en voudrai de vous dévoiler, sachant que je garde l’espoir ténu qu’un d’entre vous aille jeter un œil sur TCM, la chaîne qui multi-diffuse ce film en ce moment (http://television.telerama.fr/tele/film ... usions.php).
Sachez tout de même que les extérieurs de ce film ont été tournés en partie en Inde et en partie en Espagne (et c’est raccord), dans la Sierra Nevada en utilisant une voie de chemin de fer désaffectée.
A part l’américaine LB, les autres acteurs sont des valeurs sures des films british, et qui du coup, vu que la plupart d’entre eux n’ont performé ailleursque dans des films uniquement distribués en Angleterre sont quasi-inconnus ici.
Valeurs sûres, donc, à commencer par Kenneth More, le lead character, qui joue à la perfection cet officier en même temps porteur des valeurs de l’Empire et limite prolo –par opposition à l’image stéréotypée, qu’on a de l’officier intransigeant et borné , de plus il forme un duo à la fois très dissemblable au niveau des valeurs (un officier reste un officier et en face c’est une américaine indépendante et déterminée) et très complémentaire, love story oblige !
Tout le reste de la distribution est à l’avenant, étant évidemment entendu qu’à part Gupta (le mécano qui a une grande importance dans l’intrigue) les 2 acteurs autochtones jouant les soldats indiens n’ont aucune scène pour s’exprimer, dans la grande tradition des westerns où les acteurs jouant (et étant)des natives sont très souvent dans les fifties et les sixties à peine cités dans les génériques. J’ai une tendresse particulière pour Ursula Jeans qui colle à merveille dans ce rôle de la femme du gouverneur, pour qui la Britannia rule est la seule qui compte, faut dire qu’elle a un avantage, elle-même est née à Simla, la ville des contreforts de l’Himalaya où l’élite anglaise se réfugiait à l’époque des grosses chaleurs.
Ajoutons aussi que tous les acteurs ont peu ou prou l’âge de leur character, ça aide quand même à la crédibilité de l’histoire, Hollywood n’aurait pas hésité à mettre James Stewart ou John Wayne en face de Lauren Bacall (plus de 20 ans d’écart !).
Ah, il manque encore un acteur, probablement le plus étonnant dans ce film, j’ai nommé Herbert Lom.
Herbert Lom, Herbert Lom, je parie que ce nom vous évoque quelque chose, de toute façon, tout le monde l’a vu jouer dans, dans, dans… plusieurs film de la série « la Panthère rose », c’est lui le chief inspector Dreyfus qui devient de plus en cinglé au fur et à mesure des épisodes, un rôle comique donc et ce en face de Peter Sellers, une pointure du genre.
Là, il est incroyable dans le rôle du journaliste qui devient de plus en plus inquiétant à mesure que l’action se déploie et également dans sa bouche, il y a plusieurs répliques qui résonnent particulièrement quelque 110 ans après l’époque où est censée se dérouler ce film, quand il est question de différences, de tolérance, de lutte pour le pouvoir, de la finalité des actions, en tout cas, quand Lom s’exprime, on se pose à tout le moins des questions.
Bon , je n’insiste pas, ça reste quand même largement un film d’actions, perso, je l’ai vu pour la première fois quand j’étais teenager, la scène du train des réfugiés (très actuelle aussi, tiens !) ou celle du viaduc m’a laissé plus de souvenir que les diatribes d’un journaliste !
Et la semaine après "North West Frontier", la colo a remis la main sur "Laura" et Gene Tierney est entrée dans ma vie...
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